Effectuer sa thèse au Japon

Venir faire un doctorat au Japon est une aventure pour laquelle il faut soigneusement se préparer. Les doctorants sont non seulement confrontés aux problèmes communs à tous les scientifiques étrangers (choc culturel, méthodes de travail différentes, communication difficile, etc.), mais ils font aussi face aux obstacles liés à l’obtention du doctorat. C’est donc un pari risqué sur leur avenir que font ces jeunes scientifiques et Sciencescope se donne pour objectif de les aider le plus possible.

Nous mettons à votre disposition de nombreuses informations spécifiques sur notre site Internet (bourses, choix du laboratoire, problèmes les plus fréquents, …) et nos membres sont disponibles à tout moment pour répondre aux questions et donner des conseils.

Avant de partir

Collecte d’information

Essayez de réunir le plus d’information possible sur votre future situation. Des guides pratiques tels que ceux de la Chambre de Commerce Britannique au Japon ou celui R. W. Ridge (Vivre au Japon, section 9.3, Guides pratiques sur le Japon) recèlent une foule de renseignements pratiques. Leur lecture avant le départ est INDISPENSABLE.

Choisir sa bourse

Il existe de nombreuses bourses permettant de faire une thèse au Japon , mais les plus prestigieuses sont les bourses de recherche accordées aux étrangers par le ministère de l’éducation japonais ou Monbusho.

Choisir son laboratoire

Ce choix doit être effectué très soigneusement, de préférence selon les critères suivants: chaude recommandation d’un collègue y ayant séjourné, professeur maîtrisant bien l’anglais, publications de haut niveau, laboratoire bien financé… Théoriquement, le laboratoire d’accueil ne peut être qu’universitaire, mais si vous désirez aller ailleurs, il y a toujours moyen de trouver des arrangements avec votre responsable de thèse.

Définir le travail et les conditions de travail

Il est très important d’avoir une définition de votre thème de recherche et de savoir la manière dont il s’inscrit dans les orientations de recherche du laboratoire hôte. Il est aussi impératif que vous ayez des informations sur les conditions d’obtention de la thèse (nombre de publications, etc.), les conditions de travail (équipement, horaires, travail le week-end…) et les vacances (celles que vous pourrez réellement prendre !).

S’inscrire en thèse en France

Si votre université a signé une convention avec l’université japonaise, essayez de partir avec un programme de co-tutelle (collège dotoral franco-japonais). Dans tous les cas, ne partez pas sans une inscription en thèse et un responsable de thèse en France.

Une fois sur place

Travail et conditions de travail

Revoyez tout dans le détail avec votre professeur, mettez-le noir sur blanc, demandez-lui confirmation et faites suivre à votre responsable de thèse en France.

Faites vous connaître

Aussitôt arrivé, inscrivez-vous au Consulat, aux associations scientifiques et/ou culturelles.

Liens avec la France

Lorsque l’on passe plusieurs années à des milliers de kilomètres de la France, il est facile de se faire oublier. Préservez vos liens avec la France en écrivant régulièrement. Établissez avec votre responsable de thèse un programme de suivi de vos recherches et faites-lui parvenir des rapports à intervalle régulier.

“Jinmyaku”

En France, vous êtes un Français parmi les autres. Au Japon, vous êtes un Français parmi les Japonais. Cela vous donnera l’opportunité de rencontrer des gens qu’il eut été impensable que vous rencontriez en restant en France. Profitez de votre particularité et construisez votre “Jinmyaku” ou réseau de relations personnelles.

Communication

Efforcez-vous d’apprendre le japonais. Vous pourrez ainsi communiquer avec vos collègues qui très souvent ne parlent pas l’anglais et vous intégrer plus dans la “famille” que représente le laboratoire universitaire. N’ayez pas de discussion scientifique en japonais, surtout lorsqu’il s’agit des orientations de vos recherches. Vous éviterez ainsi les quiproquos.

Relations avec vos collègues

  • Relations professeurs-élèves : dans le système universitaire japonais, le professeur a énormément de pouvoir sur ses élèves. En fait, pour mieux saisir la relation qui existe, il est souvent préférable de la considérer comme une relation maître-disciple.
  • Relations élèves-élèves : les relations entre étudiants ne se peuvent comprendre qu’en ayant toujours à l’esprit la hiérarchie rigide qui existe entre eux selon leur âge et leur position (post-doc, doctorant, Master, Under-Graduate…).

Encadrement

En règle générale, le professeur est souvent très absorbé par ses fonctions administratives et se décharge de ses fonctions pédagogiques sur les assistants professeurs et les étudiants les plus âgés. Ceux-ci ont commencé à intégrer le laboratoire au niveau “Under-Graduate”. Ils y passent une année à expérimenter sous la direction de leur aînés puis entrent en “Master” où ils font encore deux ans de recherche. Quand ils entrent en doctorat, ils sont scientifiquement indépendants. Lorsque vous venez de DEA, vous avez au plus quelques mois d’expérience de recherche et vous nécessitez un solide encadrement pour mener la thèse à bien. Or, en entrant en thèse, vous êtes considéré comme indépendant et vous ne bénéficiez au mieux que d’un encadrement minimum.

Discussions scientifiques

Au sein d’un même laboratoire, les thèmes de recherche sont souvent assez cloisonnés et les échanges se font de manière verticale-descendante plutôt qu’horizontale. Il est par exemple impoli qu’un “Under-Graduate” fasse une suggestion sur la bonne marche d’une expérience qu’un doctorant est en train de poursuivre alors que ce que dira le professeur sera exécuté sans discussion. Ne soyez pas non plus surpris de n’apprendre les résultats de votre collègue assis au bureau voisin que lors des comptes rendus de recherche annuels …

En cas de problèmes

Vous serez amené à faire face à de nombreux problèmes lors de votre séjour. Montrez et réclamez de la précision et de l’honnêteté pour évitez les quiproquos, soyez toujours calme et évitez les confrontations publiques. Si votre situation personnelle et/ou scientifique vous semble intenable, contactez sans délai votre responsable français et Sciencescope qui pourra vous apporter des conseils. Au Japon, une des manières très répandue de résoudre les problèmes est… de les ignorer jusqu’à ce qu’ils disparaissent. Rappelez-vous que c’est votre avenir qui est en jeu et réagissez le plus vite possible.

Le retour

Préparation

Arrangez les préparatifs de soutenance de votre thèse longtemps à l’avance. Demandez à vos collègues post-doc de vous faire part de leur expérience de retour (recherche d’emploi, recrutement dans les organismes publics, etc.).

Relations

Conservez des relations avec le Japon, même si vous ne pensez pas y revenir, cela pourrait être utile dans votre carrière future. Faites-le par courrier électronique ou par l’intermédiaire des “Nengajo” (cartes de bonne année).
Les différences entre un post-doc et un doctorant au Japon ne se limitent pas au salaire. Alors que le premier est relativement libre d’organiser sa recherche et son emploi du temps, le second est tenu de se conformer aux exigences du programme doctoral. Celles-ci peuvent être assez impressionnantes : rapports hebdomadaires, présentations, obligations multiples, horaires à rallonge, travail le samedi, vacances limitées (voire inexistantes) et un minimum d’articles à publier. Toutes ces contraintes, ajoutées aux difficultés culturelles et à la barrière linguistique, peuvent engendrer énormément de stress. Il faut donc dès le début bien planifier toutes les étapes de son séjour afin de transformer celui-ci en une expérience scientifique et humaine passionnante.

 

Rédigé le 18/04/2006.

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